« L’air est froid, presque mordant. Le contraste avec la chaleur étouffante de la journée est saisissant.
Dans le ciel, la lune ne luit pas. Il n’y a que les ténèbres vaguement percées d’étoiles. On devine à peine le décor alentour, une mesa dans laquelle le moindre bruit explose en une myriade d’échos fantomatiques. Et au milieu, le grillage barbelé qui marque la frontière, partiellement découpé à la pince-monseigneur.
Tout le monde retient son souffle. Le garde-frontière qui a distinctement entendu un camion. Le passeur qui a abandonné le véhicule et se dissimule derrière un rocher quelques mètres plus loin. Les clandestins terrés au fond du véhicule, cachés derrière des caisses de feux d’artifices et de fumigènes. Le chasseur qui a repéré sa proie. Le trafiquant qui regarde sa montre en attendant sa livraison. Le journaliste cherche vainement du réseau pour joindre sa rédaction. Soudain, une sonnerie de téléphone retentit. »